« L’expérience de l’écriture, c’était une telle victoire, un tel arrachement à la folie, au vertige, que je ne puvais pas imaginer que le seul piton qui me restait face à la mort, sublime tentation des victimes d’inceste, état interdit par la loi. C’était vraiment parler ou mourir et je ne voulais pas mourir. Un puissant instinct de survie m’avait guidée vers les rives de l’écriture et de la vie. Je ne me sentais pas victime, mais profondément rebelle et guerrièreface à l’injustice. J’avais eu tout le temps d’explorer le camoufflage social mis en place pour nous faire taire et nous soigner. Le cri que toutes les victimes d’inceste disent avoir enfoui, sous la violence du traumatisme. Un non au criminel pour dire oui à la vie. Un non aux pouvoirs et aux savoirs en place, un non aux système protégeant la soi-disant paix sociale, la tranquilité et l’honneur des familles. »